Le Pr Rémi Salomon, néphrologue de l’Hôpital Necker, et Président de la Commission Médicale d’Etablissement de l’APHP, lance un cri d’alarme et alerte sur le risque de pénurie de médicaments de réanimation. Il n’est pas le seul, l’appel, dont il est à l’origine, a été signé par les neuf plus grands hôpitaux d’Europe qui l’ont adressé en début de semaine aux dirigeants européens. ‘Là nous avons de quoi tenir quelques jours’ déclare-t-il dans le Figaro du 2 avril.
L’écho est entretenu sur toutes les ondes par les réanimateurs biensûr, mais aussi les urgentistes et les infectiologues qui craignent de manquer de ces produits courants, peu chers, mais essentiels à la pratique de leur métier dans de bonnes conditions. Comment mettre sous respiration artificielle sans les médicaments dits de sédation, les curares, myorelaxants et autres ?
Les raisons de cette pénurie ? Bien évidemment, l’explosion brutale de la demande en est la cause principale. Près de 6 500 patients sont actuellement hospitalisés dans les services de réanimation français pour une capacité habituelle (en temps normal) de 4 500 lits, avec une consommation de produits qui a parfois été multipliée par 20 ! L’absence de contrôle de la production et la dépendance vis-à-vis de la Chine et de l’Inde, pour la fourniture de matières premières en est une autre. La situation ne devrait pas s’améliorer puisque les besoins vont continuer à croître partout dans le Monde avec de nombreux pays, dont les Etats-Unis, qui ne sont pas encore au pic de l’épidémie….
En pratique quelles sont les solutions envisagées alors que le Premier Ministre, lui-même, a reconnu que « nous avons et nous pouvons avoir dans les semaines et jours qui viennent des tensions d’approvisionnement » ? Une fois encore la solidarité entre les établissements, les régions voire entre les pays les moins touchés est clé, il semblerait que mêmes les vétérinaires et l’école de Maisons-Alfort aient été sollicités. Les équipes de réanimation ne manquent pas de ressorts et le Système D et la ‘grande débrouille’, comme le déclare un spécialiste, avec une utilisation plus parcimonieuse des produits, voire la mobilisation des stocks de molécules plus anciennes mais efficaces. Les laboratoires pharmaceutiques se retrouvent de facto en première ligne pour augmenter de façon significative leurs capacités de production, réorienter celles-ci vers les médicaments les plus critiques, voire, importer, lorsque cela est possible, et communiquer régulièrement leurs niveaux de stocks à l’ANSM (l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament). Une gestion plus efficace, consolidée au niveau national, de la demande des différents établissements serait sans doute un plus.
Affaire à suivre…de près….