Jean Castex, Monsieur Déconfinement du Gouvernement, l’a clairement dit au Sénat : si la situation n’évolue pas dans le bon sens, après le 11 mai, « …on peut passer la marche arrière » et mettre en œuvre le plan de ‘Reconfinement’, déjà prêt dans les cartons. Devra-t-on faire face à un nouveau pic épidémique ? Nul ne le sait, tant ce coronavirus est capricieux et imprévisible, même si le Pr Didier Raoult rappelle, dans sa dernière vidéo, que la plupart des épidémies du même type n’ont pas un profil de ‘chameau à deux bosses’. On espère donc tous que le sens de la responsabilité et la discipline de nos concitoyens contribueront à éloigner cette menace, comme cela semble le cas chez nos voisins européens.
Il y a malheureusement d’autres vagues de problèmes sanitaires que nous devons craindre, et, qui sont en train de déferler sur notre système de santé et nos soignants fatigués. Des lames de fond déclenchées par le confinement, véritable séisme pour les plus fragiles d’entre nous.
La période prolongée d’isolement, associée à des discours souvent alarmistes, a abouti à une certaine confusion délétère pour les malades habituels, aigus ou chroniques, qui craignent à la fois de contracter le virus et de déranger leurs professionnels de santé. Les cabinets médicaux ont été désertés avec une chute vertigineuse du nombre de consultations (-47% pour les généralistes, -71% pour les spécialistes). Les maladies ont de fait progressé et se sont aggravées. Le Pr Jean-Yves Blay, président de la Fédération Unicancer évoque « …un risque accru de rechute et de mortalité de 10 à 20% par mois perdu dans la prise en charge » pour certains cancers. Ces patients doivent être réintégrés au plus vite dans les filières de santé qui leur correspondent.
Un autre effet pervers du confinement consiste en l’émergence de nouveaux patients, jeunes notamment, avec l’apparition de troubles psychiques, voire psychiatriques, sous l’effet croisé de la menace épidémique et économique, d’une inactivité professionnelle et physique, et, d’une promiscuité imposée. Le risque est là encore majeur de voir se développer un syndrome post-traumatique, une dépression sévère, un comportement addictif et même de possibles passages à l’acte pour eux-mêmes ou leur entourage (augmentation des cas de maltraitance). La détection et l’orientation de ces cas est considérée comme une urgence par les experts psychiatres
On doit aussi rappeler qu’en période d’épidémie il ne faut pas oublier de se protéger, ainsi que sa famille, contre les infections que l’on sait prévenir grâce à la vaccination. L’Académie de Médecine s’inquiète de la diminution très importante, depuis mars, de la vaccination des nourrissons qui risque d’anéantir les progrès réalisés dans les dernières années : -23% pour les vaccins hexavalents (contre notamment la diphtérie, le tétanos et la coqueluche) et -50% pour ceux ciblant la rougeole et la rubéole !
La longue liste des victimes indirectes de la crise n’est pas exhaustive. Développons tous les efforts possibles pour les informer, les rassurer et les orienter au sein du système de santé. Cela évitera d’allonger la trop longue liste des morts du Covid.