Cela fait bientôt 5 semaines que nous sommes confinés. Où en est-on ? Une actualité chargée : les choses bougent
- Nous approchons du cap des 20 000 morts en France dont une part de plus en plus importante dans les EHPAD – près de 8 000. Ce chiffre devra être complété par les données de surmortalité observée en ville qui est montée à +34% la première semaine d’avril.
- La décrue est amorcée. Elle est lente mais réelle avec
- Une diminution dorénavant du nombre d’hospitalisations: nous étions à plus de 32 000 patients hospitalisés nous nous rapprochons du seuil des 30 000.
- De même pour les hospitalisations en réanimation, nous sommes passés sous le seuil des 6 000 patients avec certes des nouvelles entrées mais toujours plus de sorties : près de 20% de patients en moins comparativement au pic du 8 avril dernier avec un record de 7148 patients sévères. Nous sommes toujours au-dessus de la capacité normale d’accueil en réanimation qui est de 5000 lits.
- Enfin le nombre de contaminations pour chaque personne infectée est passé, selon la DG de Santé Publique France de plus de 3 à moins de 1 ce qui veut dire que l’épidémie va continuer à ralentir ! Biensur un des effets attendus et espérés du confinement.
- Un autre signe encourageant : Une très forte diminution des consultations pour Covid-19 dans les cabinets de médecine de ville et les urgences hospitalières : 7 000 consultations dans l’ensemble du pays cette semaine contre 30 000 et même 90 000 les semaines précédentes
- Ces signaux positifs ne doivent pas cacher une autre préoccupation majeure de Santé Publique : les patients habituels ont déserté les cabinets médicaux les MG ne voient plus 1 patient/ 2 et lesofficine sont constaté un manque de renouvellement de près d’une ordonnance sur 4.
- La situation dans les régions : La France est coupée en 2. Les régions les plus touchées en nombre de cas graves sont toujours l’Ile de France, le Grand Est et l’Auvergne Rhône Alpes, tandis que la zone Ouest semble relativement épargnée par la maladie. La Nouvelle Aquitaine, la Bretagne et PACA sont les trois seules zones métropolitaines à ne pas avoir noté, jusqu’à présent, d’excès de mortalité au 15 avril.
- Les populations touchées : aux différents facteurs de risque évoqués depuis le début de l’épidémie (âge – plus de 90% des décès ont plus de 65 ans, existence de comorbidités telles que le diabète, l’insuffisance cardiaque, respiratoire ou rénale) il faut maintenant ajouter le surpoids et l’obésité qui sont présents chez plus de 80% des patients jeunes de moins de 50-60 ans hospitalisés en réanimation pour Covid-19. Les enfants sont toujours moins concernés par la maladie : moins de 1% des hospitalisés. Contrairement à ce qui était attendu ils sont aussi moins contaminés et moins transmetteurs.
- Les symptômes : les experts allongent la liste des symptômes dus au Covid-19. Outre les signes communs avec la grippe, on retrouve des signes d’atteinte neurologique (perte du goût et de l’odorat), des lésions cutanées avec des lésions ressemblant à de l’urticaire et des engelures des extrémités aux doigts et aux pieds et également une atteinte rénale qui impose de surveiller la fonction rénale lors du suivi des patients y compris après la sortie de réanimation.
- Le confinement : Il n’y aura pas de D Day de la Libération. Le Président a annoncé une levée de confinement vraisemblable et progressive à partir du 11 mai, avec une approche pragmatique, par secteur, par niveau de risque des populations concernées et sans doute selon le contexte régional.
- L’objectif : éviter la reprise la recrudescence de l’épidémie tout en permettant une reprise économique et social.
- Maintien de la distanciation sociale, détection et isolement des nouveaux cas seront essentiels. D’où l’importance des tests et de la mise en place d’un ‘contact tracing’ avec des outils numériques, des équipes d’épidémiologistes et de professionnels pour mettre en place un système ‘sentinelle’ sur le terrain.
- Une nouvelle polémique autour du maintien ou non du confinement pour les seniors. Conseil Scientifique et Académie de Médecine ont des points de vue divergents. Quels critères prendre en compte ? dans quelles conditions ?
- Tests : ils sont indispensables.
- La France a accéléré la cadence en réalisant, semble-t-il, plus de 120 000 tests la semaine dernière grâce à la mobilisation du réseau de laboratoires hospitaliers mais aussi et enfin du réseau privé.
- A titre de comparaison, la France est avec le Royaume Uni à la traîne de l’Europe en termes de nombre de tests par millier d’habitants puisque nous avons réalisé, selon la carte publiée par le JDD du 19 avril, un peu plus de 7 tests par millier d’habitants alors que l’Allemagne en réalise près de 21/ 1000 et la Norvège et la Suisse plus de 24.
- Les tests sérologiques ne sont toujours pas prêts et il y a toujours de questions autour de l’immunité générée par le virus, à partir de quand et pour combien de temps secrète-t-on des anticorps protecteurs ? La séropositivité permettrait elle de reprendre sereinement le chemin du travail ou d’embarquer dans un avion ? pas simple
- Les masques: Le Président a lui-même reconnu des failles dans la préparation et la mise à disposition du matériel de protection.
- Des masques ‘grand public’/ ‘alternatifs’ seront mis à la disposition des français dès la levée du confinement, avec une priorité pour les soignants, les EHPAD, les patients fragiles et ceux présentant des symptômes.
- Comment seront-ils distribués ? la Président du CNOP, Carine Wolf demande des directives claires. L’Académie de Médecine est favorable. Certains maires veulent rendre le port du masque beaucoup plus large. La Maire de Paris veut équiper tous les agents municipaux.
- Les essais cliniques : le voile pourrait bientôt se lever sur le mystère de l’efficacité de l’hydroxyhloroquine.
- Outre l’essai européen Discovery dont les premières tendances sont attendues pour la fin du mois d’avril.
- De nombreuses autres études comparatives lui sont consacrées : l’étude Recovery au Royaume Uni (plus de 5 000 patients) comparant 4 traitements, l’essai PrEP Covid de l’APHP (900 personnes) en comparaison avec l’Azithromycine seule ou un placebo pour étudier la prévention de la contamination chez les soignants, l’étude d’Angers (1300 patients) avec 36 autres hôpitaux français chez les patients à un stade assez précoce de la maladie mais avec un risque élevé d’aggravation, l’étude de Montpellier qui reproduit le protocole du Pr Raoult (association avec azithromycine vs hydoxychloroquine seule) mais avec tirage au sort.
- La situation internationale : Tous les pays européens organisent la levée du confinement de manière progressive mais à chaque pays sa stratégie ! En début de semaine la République Tchèque rouvre ses écoles, la Norvège ses crèches, l’Allemagne et la Belgique quelques magasins.
- Pour la réouverture des écoles : 2 philosophies : ceux qui, comme la France, espèrent une reprise avant la fin de l’année scolaire et ceux qui ciblent la rentrée de septembre.
- Le sort des commerces et restaurants est aussi très variable, alors que l’interdiction des grands rassemblements pour plusieurs mois supplémentaires semble faire l’unanimité.
- Quoi qu’il en soit les frontières de Schengen devraient rester fermées jusqu’en septembre.
- L’impact économique : la récession attendue en France a été réévaluée par le Ministre de l’Economie et des Finances à 8 %. Le coût de la crise va dépasser les 100 Md€. Le nombre de chômeurs partiels ne cesse d’augmenter il est dorénavant de 9 millions de personnes.
- L’Armée : après le Theodore Roosevelt de l’US Navy avec 100 marins contaminés, c’est au tour de notre porte-avions le Charles de Gaulle d’être ‘à terre’ avec la contamination de plus de 50% des hommes testés. Un des premiers clusters du Monde avec plus de plus de 1000 marins et pilotes infecté infectés. Une enquête est en cours.
- Notre plateforme : vous avez été tous canaux confondus plus de 100 000 à poser des questions, regarder nos vidéos, lire nos questions du jour . MERCI Continuez et diffusez le lien.
A bientôt.