Le signal d’alarme tiré par MG France pour les médecins généralistes et par les spécialistes libéraux eux-mêmes, a été relayé par le Président de Doctolib (plateforme leader de prise de rendez-vous médicaux en ligne), Stanislas Niox-Château, sur BFM le 16 avril : l’activité de médecine libérale est en chute libre, avec une diminution brutale, importante et inquiétante de leur activité : – 44% pour les généralistes et -71% pour les médecins spécialistes.
La principale raison invoquée est celle du renoncement des patients à consulter en raison d’une double peur : prendre du temps précieux aux médecins, qui de ce fait ne pourraient s’occuper de ‘cas plus sévères’, et, contracter le virus dans les salles d’attente, surtout pour les plus fragiles d’entre eux. Le président de la FSPF, fédération des syndicats de pharmaciens, Philippe Besset, a, de son coté, confirmé le 15 avril une baisse inquiétante de 25% des feuilles de soins électroniques (liées aux ordonnances) envoyées à l’Assurance Maladie.
Nicolas Revel, le DG de la CNAM est chargé par le gouvernement de mener des « concertations » avec chaque profession de santé conventionnée (dont les médecins), afin d’identifier le type d’ « accompagnement financier » qui pourrait être proposé en cas de perte de revenus.
Où sont passés les patients habituels des cabinets et des officines de ville ? Ils sont sans doute restés chez eux, confinés.
Le retard au diagnostic de certaines pathologies aigües graves, telles que l’infarctus du myocarde et l’AVC, et le défaut de suivi des patients chroniques nécessitant un bilan médical régulier, ont déjà été identifiés par les médecins hospitaliers comme un enjeu sanitaire majeur. L’écho donné par le cri d’alarme des professionnels de santé de ville souligne l’importance du sujet qui mobilise dorénavant le Ministère de la Santé.
Il est vraisemblable que le système de santé devra faire face, dans les semaines à venir, à une nouvelle vague de problèmes avec des malades chroniques, en situation de décompensation du fait d’une prise en charge différée. Une situation de perte de chance potentielle pour des patients disciplinés, auxquels il a été demandé au début de la crise d’éviter l’hôpital – hormis pour des urgences vitales, ou non suffisamment informés des mesures dérogatoires, prises par le gouvernement, ouvrant le remboursement plus large d’une téléconsultation par un médecin, d’un télésoin par une infirmière ou du renouvellement d’une ordonnance périmée par un pharmacien.
Il devient urgent de passer l’information et de faire revenir ces patients « oubliés de la Santé », dès que possible, dans le système de santé afin d’éviter de nouveaux décès cette fois indirectement liés au Covid-19.