Le Monde publie aujourd’hui une interview vérité ‘choc’ de l’ancien Directeur Général de la Santé entre 2003 et 2005. Le Pr William Dab, médecin et épidémiologiste, lance plusieurs pavés dans le débat public autour de la crise du Covid-19.
D’abord, le bilan des décès liés à l’infection qui devrait s’alourdir très significativement. On devrait atteindre plusieurs dizaines de milliers de décès, au-delà des statistiques de mortalité publiées de façon quotidienne par son successeur, qui devront être complétées des données de ‘mortalité indirecte’ liée aux répercussions du virus sur la santé à moyen terme, notamment des patients chroniques en raison de la saturation du système de santé pendant l’épidémie.
Il lui semble ‘très grave’ de laisser les personnes contagieuses, à la sortie de l’hôpital ou du cabinet médical, rentrer chez elles alors qu’il existe une probabilité élevée de contamination de leurs proches, notamment en cas de vie commune dans des espaces restreints. La possibilité d’une transmission aérienne du virus (pas seulement par les gouttelettes), question débattue cette semaine dans la revue internationale Nature, lui apparait comme un autre point à investiguer pour tenter d’expliquer le faible ralentissement de la courbe épidémique après 4 semaines de confinement.
S’il qualifie de remarquable la qualité des soins, ‘l’héroïsme’ des soignants et des aidants, et le doublement des capacités de réanimation, le Pr Dab juge qu’en revanche « En matière de prévention nous ne sommes pas à la hauteur de l’épidémie ». La prévention se résume au seul confinement généralisé, associé aux mesures barrière, ce qui fait reposer « la seule mesure de prévention » sur la population elle-même.
L’expert appelle à plus d’épidémiologie de terrain pour connaitre l’étendue de l’épidémie (‘Est-il normal que ce soient des épidémiologistes britanniques qui aient estimé la proportion de français infectés ? »), en attendant que les masques et les tests sérologiques soient déployés à grande échelle. Sans cela, ‘aucun déconfinement n’est envisageable’.
Il aimerait, par ailleurs, savoir pourquoi on ne sait pas si ‘les dizaines de milliers de patients’ traités quotidiennement par de l’hydroxychloroquine pour des affections rhumatismales sont moins atteints par le coronavirus que les autres ? Cela aiderait sans doute la prise de décision politique.
Le cri d’alarme du Pr Dab en faveur de la Prévention sera-t-il entendu alors que celle-ci ne reçoit que 4% des dépenses de santé ?