Les bourses dévissent mais s’il est un marché qui résiste et même bénéficie de la crise du Covid-19 c’est bien celui des masques. Les prix s’emballent avec parfois, selon certains acheteurs un prix qui décuple. On est loin de la bataille du pétrole entre la Russie et l’Arabie Saoudite qui a conduit à l’effondrement du prix du baril.
L’offre démultipliée n’arrive pas à satisfaire la demande. Celle-ci explose sous l’effet conjugué de la nécessité absolue de protéger les soldats du soin, sur le terrain, et l’entourage des malades, associée à la peur de la contamination, aux consignes strictes de certains pays imposant le port en ville (avec une distribution devant les supermarchés autrichiens, par exemple), et même avec l’évolution des recommandations des autorités les plus conservatrices (OMS, Académie de Médecine, DGS) qui préconisent dorénavant l’usage de masques, y compris ‘alternatifs’, pour le public, les personnes non malades et non professionnels de santé.
La bataille commerciale fait rage. Les relations diplomatiques entre les pays se tendent de plus en plus devant la multiplication de pratiques dignes d’un thriller hollywoodien du temps de la pègre. Des cargaisons changent subitement de destination sur le tarmac des aéroports, le marché noir se développe. Les grandes puissances sont accusées de pratiques indignes. Les livraisons sont protégées par des policiers en arme, certains individus n’hésitant pas à dérober les masques dans les établissements de soins et même dans les voitures des infirmières, célébrées pourtant chaque soir à 20 heures, par la France entière.
L’état français a-t-il réagi avec retard par rapport à ses voisins ou à d’autres pays asiatiques ? C’est la question que tout le monde se pose, à l’instar du Journal du Dimanche (JDD) qui titrait le 22 mars dernier : Enquête sur une faillite d’état. Elle est d’autant plus légitime que notre niveau de stock était faible et qu’il faut bien préparer, à un moment ou un autre, la sortie du confinement qui va imposer un recours plus large à la protection individuelle. Il est toujours plus facile de se poser les questions a posteriori que de gérer à vue une pandémie liée à un virus imprévisible et inconnu. On a ainsi augmenté la cadence de notre chaine de production nationale à 6 millions d’unités par semaine, bien loin des 40 millions qui semblent nécessaires pour protéger nos soignants et les professionnels médico-sociaux. Le Ministère a annoncé avoir commandé 250 millions d’unités en mars, puis 1 milliard et maintenant 1,5 milliard de masques au début du mois d’avril sous les cris d’alarme des professionnels trop souvent non ou insuffisamment protégés. Il a enfin autorisé les régions et les villes à passer directement des commandes. La raison pour laquelle ceci n’était pas possible auparavant reste encore un peu obscure, sans doute par volonté de gestion centralisée de la distribution de cette arme-clé de la guerre sanitaire !
On a sans doute pas fini de parler de cette guerre des masques qui fait rage et ne va pas s’éteindre de sitôt.